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mardi 10 janvier 2012

Sécurité privée : une casquette de plus pour Alain Bauer

L’influent conseiller vient d’être élu président du Conseil national des activités privées de sécurité, censé réguler le secteur de la sécurité privée. Un nouveau portefeuille pour une personnalité omnipotente. (Dessin : Louison) Un nouveau pas dans la privatisation de la sécurité. Auparavant régulé par l’Etat via les préfectures, le secteur de la sécurité privée, qui pèse près de 4 milliards d’euros, dépend désormais du Conseil national des activités privées de sécurité, installé lundi par Claude Guéant. Ce conseil, une revendication du secteur, associe représentants de l’Etat (majoritaires) et représentants des professionnels.

 Point important : le Cnaps sera habilité à délivrer les agréments adéquats et disposera de pouvoirs de police administrative. Les pouvoirs publics perdent ainsi un peu de leurs prérogatives. Son financement viendra de taxes spécifiques sur le secteur : 0,5% du chiffre d’affaires des sociétés sous-traitantes et 0,7% de la masse salariale des services de sécurité interne. Un organe inédit pour un marché en pleine expansion. C’est une constante depuis 2007. La sécurité privée est presque partout : aéroports, police des audiences, garde des ministères… Mais malgré sa montée en puissance, la sécurité privée n’est pas exempte de critiques. Le mouvement de grève dans les aéroports avait mis en lumière le sort des salariés des sous-traitants d’ADP chargés de la fouille de bagages, sous-payés et sujets à de nombreuses pressions dans un secteur très concurrentiel.

 MÉLANGE DES GENRES ? DÉLINQUANCE ÉTRANGÈRE : LES CHIFFRES QUI DÉRANGENT TOUT LE MONDE POUR 81% DES FRANÇAIS, L’INSÉCURITÉ A AUGMENTÉ : INFO OU INTOX ? SÉCURITÉ : PAS DE POLICIERS MAIS DES VIGILES POUR LES HLM Dans ce climat de polémiques, le Cnaps est censé faire un peu de ménage. Il sera présidé par un homme omniprésent dans les questions de sécurité : Alain Bauer. Elu par le Cnaps, il a d'abord été nommé au sein du conseil par arrêté ministériel. Homme à multiples casquettes, Alain Bauer est également président de l’ONDRP, professeur au Cnam, intervenant régulier dans les médias et a rédigé plusieurs rapports officiels sur la sécurité dont le Livre Blanc sur la sécurité publique. Bref, il est un des têtes pensantes de la politique de sécurité actuelle. Un signe que la sécurité privée est désormais prise très au sérieux par l’exécutif. Mais si Alain Bauer est bien introduit dans les cercles de pouvoir politique, il a eu aussi un pied dans le secteur privé. Il est le fondateur d’AB associates, société spécialisée dans le conseil en sécurité fondée en 1994. Sur son site, la société se vante d’avoir eu des clients privés ou publics partout dans le monde. Ces activités ont valu de nombreuses controverses à l’intéressé, accusé de pratiquer le mélange des genres. Mais l’intéressé, contacté par Marianne, rappelle que sa société a été dissoute en juillet 2010.

 DÉCLIN DE L'ETAT S’il n’est plus impliqué dans le business de la sécurité privée, Alain Bauer l’est largement dans la création du Cnaps, à la tête de la « mission de préfiguration » du conseil. Son credo : « avoir un coté pédagogique, pas seulement Père Fouettard ». Le président du conseil souhaite aussi « améliorer substantiellement les conditions de travail » des salariés du secteur. Au final, c’est une mission de « régulation, de professionnalisation mais aussi un peu de moralisation » qui l’attend. Mais ces missions n’étaient-elles pas déjà remplies par les préfectures ? « L’Etat contrôlait mal », affirme Alain Bauer qui pointe un « manque de moyens ». Le Cnaps via ses déclinaisons régionales aura ses propres troupes pour contrôler les entreprises du secteur. Et il ne voit pas d’inconvénients à ce que des représentants des contrôlés jouent les rôles de contrôleurs : « C’est la même chose que les ordres pour les médecins ou les dentistes ». Au delà des questions déontologiques, c’est surtout le risque du déclin de la force publique qui pointe son nez. De son côté, Bauer se dit « opposé » à toute confusion entre services de l’Etat et sécurité privée notamment pour le port d’armes à feu. Pour autant, un récent décret vient d’autoriser les vigiles chargés de la sécurité des HLM d’être équipés de tonfas et de gaz lacrymogènes. Il est vrai que dans un contexte de baisse des effectifs de police et de gendarmeries, il est tentant d’en appeler au privé. Ce sera alors une mort lente pour l’Etat gendarme. Dans tous les sens du terme.

http://www.marianne2.fr/Securite-privee-une-casquette-de-plus-pour-Alain-Bauer_a214343.html

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