Lille veut des renforts
 À  Lille, peu importe le léger repli de la délinquance (– 0,38%), un seul  chiffre interpelle les syndicats de police comme la municipalité : 400.  Soit le nombre de suppressions de postes depuis 2008 : 150 gardiens de  la paix, une quarantaine d’officiers et 210 postes d’adjoints de  sécurité (ADS). "Depuis le début de l’année, Marseille a été renforcée  deux fois. Nous, malgré les demandes répétées de Martine Aubry, on  attend toujours", peste Roger Vicot, adjoint municipal en charge de la  sécurité. Avec 1 policier pour 428 habitants, Lille se classe derrière  Marseille, Bordeaux ou encore Lyon.
"Dans ce  contexte, l’arrivée cette année de 80 ADS est insuffisante", témoigne  Thierry Depuyt, secrétaire d’Unité FGP Police du  Nord-Pas-de-Calais-Picardie. "Les fonctionnaires travaillent à flux  tendu, avec une explosion des heures supplémentaires. Pire, de nouveaux  services d’interpellation ou de sûreté sont sans cesse créés au  détriment de la présence sur la voie publique. Ainsi les effectifs de  police secours se sont effondrés et la prévention est délaissée, faute  d’uniformes dans les rues."
Lyon a plus de 200 caméras
 "Pas  de laxisme de notre part." Le mot d’ordre est signé Jean-Louis  Touraine, premier adjoint au maire de Lyon, chargé de la sécurité.  Constatant "une tendance générale à la baisse" de 5,04 %, il n’en élude  pas moins certaines "préoccupations, à commencer par la recrudescence  des violences depuis une décennie". Défenseur de la vidéosurveillance –  la ville compte plus de 200 caméras –, l’élu y voit l’une des clés du  succès. "Le taux d’élucidation est deux fois plus important dans les  zones surveillées", soutient-il.
Autre satisfecit :  la présence accrue des policiers sur le terrain grâce à la  multiplication des patrouilles. Seulement, les agents sont désormais  deux par véhicule, et non plus trois. Une mesure qui soulève la colère  de Thierry Clair, secrétaire régional d’Unité SGP Police, syndicat  majoritaire en Rhône-Alpes : "Si ça allait mieux, on n’aurait pas  davantage de collègues blessés en service. La violence n’est absolument  pas jugulée, avec des braquages très spectaculaires et une délinquance  de plus en plus jeune." Selon lui, il manque à la capitale des Gaules  150 hommes. "Pour compléter les effectifs, on recrute à moindre coût des  adjoints à la sécurité, moins formés et avec moins de prérogatives  qu’un gardien de la paix", se désole Thierry Clair.
Nantes combat les incendies
 Nantes,  ville plus sûre en 2010? Le constat laisse sceptique l’adjoint  municipal à la sécurité, Gilles Nicolas. "De toute façon, depuis 2002  les chiffres ne font que baisser ; la direction centrale de la sécurité  publique a été dressée pour… Mais dans la réalité, je n’ai pas cette  impression", soutient l’ancien commissaire divisionnaire. Qui plutôt que  de se réjouir de la baisse des infractions dans sa ville préfère lancer  une charge contre les effets pervers des statistiques : "Dans un bilan  chiffré, l’arrestation d’un fumeur de joint vaut celle d’un dealer. Dès  lors, les policiers cherchent à aller aux affaires les plus simples. En  fait, la police de statistique a succédé à celle de proximité."
Au-delà  de ces critiques, les progrès entrevus dans la lutte contre les  incendies de voiture et dans les quartiers sensibles, deux points noirs,  font l’unanimité. Grâce à des mesures simples : l’enfouissement des  poubelles, d’une part, et la création d’une cellule policière dédiée aux  incendies de véhicule, d’autre part. "Ce qui prouve que le nombre de  policiers importe moins que leur répartition. Et là, c’est l’opacité la  plus complète. Quels sont les critères pour envoyer tant d’hommes dans  telle ou telle ville? Si vous l’apprenez, dites-le moi", soupire  l’adjoint nantais, tout en soulignant que la brigade des stups de la  ville compte… huit membres.
Bordeaux mise sur la prévention
Avec  une baisse de 5,4% de la délinquance sur un an, Bordeaux cultive son  image de ville tranquille. "C’est d’abord dû à un dispositif de  prévention très efficace, où prime la complémentarité entre les  policiers municipaux et nationaux. Aux premiers le soin de traiter des  actes d’incivilité, aux seconds ceux de délinquance", souligne  Jean-Louis David, adjoint d’Alain Juppé en charge de la sécurité. Autre  piste exploitée pour prévenir les infractions, l’occupation de terrain.  "Désormais, nos 104 agents municipaux établissent des rondes jusqu’à  minuit", témoigne l’élu.
Reste une préoccupation,  partagée par nombre de municipalités, l’augmentation des vols violents à  la tire, proche de 5%. Pas de quoi cependant encourager la  prolifération de la vidéosurveillance, malgré une quinzaine d’agents qui  y sont dédiés. La circonscription compte 56 caméras, contre 50 il y a  trois ans. "On n’a pas une philosophie du flicage, appuie Jean-Louis  David. On préfère y avoir recours avec modération, après validation des  forces de police pour en délimiter l’usage à des endroits bien définis."
 
 
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