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mardi 6 septembre 2011

La délinquance à Lille, Nantes, Lyon et Bordeaux

Lille veut des renforts

 À Lille, peu importe le léger repli de la délinquance (– 0,38%), un seul chiffre interpelle les syndicats de police comme la municipalité : 400. Soit le nombre de suppressions de postes depuis 2008 : 150 gardiens de la paix, une quarantaine d’officiers et 210 postes d’adjoints de sécurité (ADS). "Depuis le début de l’année, Marseille a été renforcée deux fois. Nous, malgré les demandes répétées de Martine Aubry, on attend toujours", peste Roger Vicot, adjoint municipal en charge de la sécurité. Avec 1 policier pour 428 habitants, Lille se classe derrière Marseille, Bordeaux ou encore Lyon.
"Dans ce contexte, l’arrivée cette année de 80 ADS est insuffisante", témoigne Thierry Depuyt, secrétaire d’Unité FGP Police du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. "Les fonctionnaires travaillent à flux tendu, avec une explosion des heures supplémentaires. Pire, de nouveaux services d’interpellation ou de sûreté sont sans cesse créés au détriment de la présence sur la voie publique. Ainsi les effectifs de police secours se sont effondrés et la prévention est délaissée, faute d’uniformes dans les rues."

Lyon a plus de 200 caméras

 "Pas de laxisme de notre part." Le mot d’ordre est signé Jean-Louis Touraine, premier adjoint au maire de Lyon, chargé de la sécurité. Constatant "une tendance générale à la baisse" de 5,04 %, il n’en élude pas moins certaines "préoccupations, à commencer par la recrudescence des violences depuis une décennie". Défenseur de la vidéosurveillance – la ville compte plus de 200 caméras –, l’élu y voit l’une des clés du succès. "Le taux d’élucidation est deux fois plus important dans les zones surveillées", soutient-il.
Autre satisfecit : la présence accrue des policiers sur le terrain grâce à la multiplication des patrouilles. Seulement, les agents sont désormais deux par véhicule, et non plus trois. Une mesure qui soulève la colère de Thierry Clair, secrétaire régional d’Unité SGP Police, syndicat majoritaire en Rhône-Alpes : "Si ça allait mieux, on n’aurait pas davantage de collègues blessés en service. La violence n’est absolument pas jugulée, avec des braquages très spectaculaires et une délinquance de plus en plus jeune." Selon lui, il manque à la capitale des Gaules 150 hommes. "Pour compléter les effectifs, on recrute à moindre coût des adjoints à la sécurité, moins formés et avec moins de prérogatives qu’un gardien de la paix", se désole Thierry Clair.

Nantes combat les incendies

 Nantes, ville plus sûre en 2010? Le constat laisse sceptique l’adjoint municipal à la sécurité, Gilles Nicolas. "De toute façon, depuis 2002 les chiffres ne font que baisser ; la direction centrale de la sécurité publique a été dressée pour… Mais dans la réalité, je n’ai pas cette impression", soutient l’ancien commissaire divisionnaire. Qui plutôt que de se réjouir de la baisse des infractions dans sa ville préfère lancer une charge contre les effets pervers des statistiques : "Dans un bilan chiffré, l’arrestation d’un fumeur de joint vaut celle d’un dealer. Dès lors, les policiers cherchent à aller aux affaires les plus simples. En fait, la police de statistique a succédé à celle de proximité."
Au-delà de ces critiques, les progrès entrevus dans la lutte contre les incendies de voiture et dans les quartiers sensibles, deux points noirs, font l’unanimité. Grâce à des mesures simples : l’enfouissement des poubelles, d’une part, et la création d’une cellule policière dédiée aux incendies de véhicule, d’autre part. "Ce qui prouve que le nombre de policiers importe moins que leur répartition. Et là, c’est l’opacité la plus complète. Quels sont les critères pour envoyer tant d’hommes dans telle ou telle ville? Si vous l’apprenez, dites-le moi", soupire l’adjoint nantais, tout en soulignant que la brigade des stups de la ville compte… huit membres.

Bordeaux mise sur la prévention

Avec une baisse de 5,4% de la délinquance sur un an, Bordeaux cultive son image de ville tranquille. "C’est d’abord dû à un dispositif de prévention très efficace, où prime la complémentarité entre les policiers municipaux et nationaux. Aux premiers le soin de traiter des actes d’incivilité, aux seconds ceux de délinquance", souligne Jean-Louis David, adjoint d’Alain Juppé en charge de la sécurité. Autre piste exploitée pour prévenir les infractions, l’occupation de terrain. "Désormais, nos 104 agents municipaux établissent des rondes jusqu’à minuit", témoigne l’élu.
Reste une préoccupation, partagée par nombre de municipalités, l’augmentation des vols violents à la tire, proche de 5%. Pas de quoi cependant encourager la prolifération de la vidéosurveillance, malgré une quinzaine d’agents qui y sont dédiés. La circonscription compte 56 caméras, contre 50 il y a trois ans. "On n’a pas une philosophie du flicage, appuie Jean-Louis David. On préfère y avoir recours avec modération, après validation des forces de police pour en délimiter l’usage à des endroits bien définis."

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